Quatrième de couverture
Voici le livre le plus violent de la littérature contemporaine, je veux dire d'une violence belle et régénératrice. Héliogabale, né sur un berceau de sperme, mort sur un oreiller de sang, est un noir héros de notre monde. Sa légende est faite de perversité et d'exécration. El Gabal, « Celui de la Montagne», est non seulement l'empereur dépravé de la Rome pourrissante du Troisième Siècle, livré aux vices et à la folie, mais aussi le premier héros infernal de cette rencontre avec l'Orient, dont Apollonius de Tyane fut l'Archange. Incarnation du mythe hermaphrodite, adorateur du Soleil et de la pierre noire Elagabale, il a vécu jusqu'à l'extrême le drame de l'affrontement entre le monde gréco-latin et la Barbarie. Il s'agit bien ici d'un texte initiatique : prêtre païen et empereur de Rome à l'âge de quatorze ans, Héliogabale annonce à la fois le rite solaire des Tarahumaras, et le sacrifice de flan Gogh le Suicidé de la société, puis la descente aux Enfers d'Artaud le Mômo. Héliogabale est l'Anarchiste, avant d'être l'Alchimiste couronné. Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d'Antonin Artaud, est aussi le plus imaginaire. Qui n'a pas lu Héliogabale n'a pas touché le fond même de notre littérature sauvage. J.M.G. Le Clézio