Quoi qu'en disent les bibliographies, Noces ou l'été ne peut être considéré comme un essai. Aucun des deux ouvrages n'offre une thèse forte ou une argumentation rigoureuse. Bien au contraire, les deux ouvrages sont des recueils de tentatives littéraires de Camus. Pas des brouillons ou des ouvrages inachevés. Simplement des textes courts qui trouvent en eux leur propre cohérence nous emmène généralement en Algérie, pays de sable et de poussière où les villes ont encore l'audace de tourner le dos à la mer qui les borde et de leur préférer les pierres du désert.
Dans ces deux recueils, Camus se livre à des évocations lyriques de son pays natal auxquels ils opposent la froideur de la vie européenne, contrainte par le Passé et l'Histoire. Toutefois, il lui arrive de tomber dans l'essai promotionnel, certains se veulent plaidoyer, tract publicitaire, brochure touristique et Camus, malgré son talent d'écriture, se laisse aller à avancer l'argument puéril que seules les grandes âmes et les beaux tempéraments peuvent jouir du voyage en Algérie.
Les meilleurs essais dans l'été forment tout au plus des balades agréables et critiques dans les grandes villes algériennes, Alger et Oran surtout dont il décrit l'aspect poussiéreux, le dédale de ruelles qui détourne la ville de la mer et le travail sysiphéen des hommes qui déplacent les cailloux des jetées dans la mer.
Mais jamais dans ces deux recueils qui se répondent parfaitement et se font parfois écho quand on s'approche de Tipasa, jamais Camus ne parvient à transcrire ces noce avec le paysage algérien, avec la vie algérienne qu'ils annoncent dans le titre du premier recueil. Pour le lecteur même plein de bonne volonté, ces essais restent les descriptions des paysages et des villes algériennes dans l'été qui les révèlent.