Voici le cinquième et ultime volume de la correspondance générale de Yourcenar, qui parcourt l’évolution de l’écrivain depuis Les Mémoires d’Hadrien jusqu’à L’œuvre au noir. L’édition est soignée, l’annotation bienvenue et précise, toujours nécessaire. Les années 1968-1970 sont charnières dans l’œuvre de Yourcenar : c’est la parution de L’œuvre au noir au printemps 1968 parmi le tumulte du mouvement étudiant et la consécration critique et publique à l’automne avec l’obtention du prix Femina. Tout au long de l’année 1969, Yourcenar est sollicitée par des étudiants, des journalistes, des amis, des écrivains et philosophes, des éditeurs, des lecteurs inconnus. Elle répond toujours avec esprit et franchise, c’est-à-dire avec une dureté atténuée par un sens sûr de la formule : une leçon de grand style épistolaire. En 1970, Yourcenar apprend qu’elle est nommée à l’Académie Royale de Belgique – une première étape dans la course aux honneurs qui la mènera à l’Académie française en 1980. C’est aussi un moment clé dans l’histoire qui la lie à la maison Gallimard, puisque qu’elle rompt les derniers liens qui l’attachent à d’autres maisons pour donner tous ses textes à Gallimard. Enfin, s’ébauchent ce qui sera La Couronne et la lyre et le grand projet autobiographique. On voit apparaître le tableau achevé de l’œuvre, tel que le dispose pour la postérité un écrivain qui se sait sans descendance.